Apocalypse
Variations sur l’Apocalypse selon Saint Jean
I
O Seigneur, en qui je ne crois pas,
On raconte que Satan a foulé la Terre
Avec son armée de petits démons,
Décapitant des vierges
Avant de les pénétrer
O Seigneur, en qui je ne pourrai croire,
Que fais-tu avec ces pauvres corps de femmes violées
Quand les hommes sont agenouillés
Nus devant l’armé de Satan le priant,
Lui et pas Toi,
Les hommes nus sur le sable imbibé de leur honte
Dans les rues sans maisons devant les maisons sans toits ni fenêtres ni lits
Devant les moignons de maisons,
Hommes enfuis dans le sable noir,
Priant le Satan
Après cela, je me réveillai et
Je vis le ciel noir et dans le ciel noir, trempé de sang,
Plongé dans la fumée noire : une porte ouverte
Et les voix s’élevant des nus agenouillés priant
Deux ou de nombreux Satan existent-ils
Sur cette Terre ravagée
Sous Tes yeux aveuglés,
Seigneur,
En qui je ne crois pas ?
Monte ici et je te ferai voir ce qui doit arriver par la suite
J’entendis cette Voix
Et montai au ciel
Pour voir les corps des femmes profanées
Mais je vis les enfants des étrangers de sang trempés
Sacrifices des dieux d’antan,
Face à Satan
« Aussitôt je fus ravi en esprit. Car voici, il y avait un trône dans le ciel, et sur ce trône
quelqu’un était assis. »
Hélas
Il ressemblait à une pierre faite de sang coagulé
Tandis que je me balançais sur un arc-en-ciel comme le rubis
Je vis ensuite de nombreux trônes
Et sur ces trônes de nombreux enfants
Nus, aspergés
De sang,
Face à l’armé de Satan qui vengeait les femmes aux corps profanés
Par des diables rivaux et des vampires
Dans le mal immergés
Tant d’hommes nus sur le sable imprégné de leur honte
Et devant eux, des enfants aux ailes ;
Pourtant n’étaient-ils point des anges
« Des trônes sortaient des éclairs et des tonnerres.
Il y avait devant le trône comme une mer de verre »
Le Satan ordonna aux enfants de se lever
Et de marcher sur le cristal de la mer
Il y avait des soldats, yeux devant et derrière,
Yeux qui jetaient du feu sur les hommes nus agenouillés
Et sur les enfants de sang aspergés, ailes déployées
Pourtant, point des anges
Il n’y avait ni lion, ni veau, ni serpent, tels que dans la Bible,
Seuls les soldats sataniques et au-dessus d’eux
L’aigle aux ailes devenues mauves par le mal,
Et les enfants aux ailes sans vol
Seigneur, en qui je ne puis croire,
Tu n’étais pas assis sur l’un de ces trônes
Gémissant la nuit à cause de ces soldats
Aux innombrables yeux, autour et à l’intérieur,
Ne cessant de clamer : « Tout cela nous appartient.
Seigneur Dieu c’est ton offrande »
Et qui disaient : « Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l’honneur
et la puissance ; car tu as créé toutes choses, et c’est par ta volonté qu’elles existent et qu’elles
ont été créées. »
II
« Puis je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône un livre écrit, en dedans
et en dehors scellé de sept sceaux. Et je vis un ange puissant, qui criait d’une voix forte : Qui
est digne d’ouvrir le livre, et d’en rompre les sceaux ? Et personne dans le ciel, ni sur la terre,
ni sous la terre, ne put ouvrir le livre ni le regarder. Et je pleurai beaucoup de ce que
personne ne fut trouvé digne d’ouvrir le livre ni de le regarder. Et l’un des vieillards me dit :
Ne pleure point ; voici, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le
livre et ses sept sceaux. »
Ensuite je vis devant l’un des trônes aspergés de sang
Des sacrifices à Satan, et devant la mer de verre en cristal,
Les mêmes hommes nus, leurs corps froissés de honte, les membres atrophiés,
Face aux mêmes démons
Et à l’armé de soldats aux yeux partout sur leurs corps,
Yeux remplis de feu
Et je vis des enfants ensanglantés devant cette armée
Sacrifiés à Satan qui dit :
Vous êtes punis à cause des femmes profanées
En plein jour sur le sable doré
« Et au milieu du trône et des quatre êtres vivants et au milieu des vieillards, un agneau qui
était là comme immolé. »
Il n’avait pas sept cornes ni sept yeux comme dans le Livre
Mais un seul œil sur une seule corne,
Tandis que les soldats avaient des yeux qui projetaient le feu
Sur les hommes nus agenouillés
Devant le Satan et son armé
Sur le sable noir, imprégné de leur honte,
Partout sur leurs corps, ces yeux
Les yeux des soldats qui croyaient être des esprits de Seigneur
III
Assise sur l’arc-en-ciel je regardais
Les hommes nus agenouillés devant les têtes décapitées
Une tristesse m’envahissait car
Les enfants enchainés aux ailes immobiles
Jetés vers la mer en verre comme du cristal
Gémissaient encore
Je contemplai l’agneau et les sceaux clos
Le Livre scellé, loin des mots des Écrits,
Seules les plaintes qui réveillaient les feux de la terre
Les feux de la mer et les feux des cieux,
Les plaintes
Démentes
Alors que les hommes agenouillés demeuraient silencieux
Et les enfants aux innombrables ailes sans vol
N’émirent plus un gémissement
Face aux corps des femmes profanées
Sombre image du monde perdu dans l’ombre
IV
O Seigneur,
En qui je ne crois pas,
Que fais-tu là, sans rien faire ?
Où sont tes chevaux blancs ?
Pour emporter les enfants
Loin de cette poussière hurlante
Vers les aubes enchantées ?
Je regardais l’Agneau,
Il n’ouvrit aucun sceau, comme dans la Bible,
Mais un grand tremblement de terre
Secoua la poussière et les mers en verre et les cieux enflammés
Et l’arc-en-ciel sur lequel je chevauchais
Arc-en-ciel comme le rubis
Et comme dans le Livre :
Le soleil devint noir comme des grains de poivre
« La lune comme du sang et les étoiles tombèrent sur la terre
Le ciel se retira comme un livre qu’on roule
Et toutes les montagnes et les îles furent remuées de leurs places. Les rois de la terre, les
grands, les chefs militaires, les riches, les puissants, tous les esclaves et les hommes libres, se
cachèrent dans les cavernes et dans les rochers des montagnes. Et ils disaient aux montagnes
et aux rochers : Tombez sur nous, et cachez-nous devant la face de celui qui est assis sur le
trône, et devant la colère de l’agneau ; car le grand jour de sa colère est venu, et qui peut
subsister ? »
Après cela, je vis dix anges
Venus enlever des enfants nus et ensanglantés
Sacrifiés aux innombrables Satan
Et à ses apprentis, éparpillés dans le monde,
Braquant leur fusilles sur les hommes nus agenouillés
Les anges portaient sur leurs ailes des sacs de vents enflammés
Et des perles en coquilles pour nourrir les enfants aux ailes
Immobiles
Qui ne savaient voler
Un ange cria aux bouchers et à son armé d’une voix forte :
« Ne faites point de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons
marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu.»
Et je n’entendis plus rien, ne vis aucune tribu
Tandis qu’elles auraient été des milliers
Ce que j’ai vu, c’était du bourbier,
Le sable noir ;
Et la Voix tomba du ciel noir,
Chutant sur l’arc-en-ciel sur lequel j’étais assise
Et sur les enfants ne pouvant ni voler ni marcher ni pleurer
Pourtant dans le Livre ils criaient d’une voix forte, en disant :
« Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’agneau.
Et tous les anges se tenaient autour du trône et des vieillards et des quatre êtres vivants. »
C’était dans le Livre, mais pas sous l’arc-en-ciel comme le rubis
Sur lequel je galopais vers la Terre meurtrie,
D’où je vis :
Les hommes se prosternaient devant l’armé de démons
Ne disant pas : Amen !
Ils désiraient la mort, mais la mort n’arrivait pas